Comprendre les freins pour mieux soutenir lâengagement parental
On entend parfois que les parents « manquent dâimplication » dans le suivi de leur enfant TDAH. Mais cette idĂ©e, souvent culpabilisante, ne rend pas justice Ă la rĂ©alitĂ©. Car si certains parents ne suivent pas les accompagnements proposĂ©s, ce nâest ni par dĂ©sintĂ©rĂȘt, ni par nĂ©gligence, mais Ă cause de freins bien rĂ©els.
Comprendre ces obstacles, câest permettre aux professionnels dâadapter leurs pratiques, et aux parents de se reconnecter Ă leur rĂŽle, sans honte ni pression.
Beaucoup de parents pensent que le travail se fait « avec lâenfant ». Ils imaginent que seul le professionnel (psychologue, pĂ©dopsychiatre, logopĂšdeâŠ) dĂ©tient les clĂ©s du changement. RĂ©sultat : ils sous-estiment leur rĂŽle dans le processus thĂ©rapeutique.
Or, les donnĂ©es scientifiques sont claires : le parent est un co-thĂ©rapeute au quotidien. Il peut, par ses attitudes, ses consignes, sa maniĂšre de gĂ©rer les crises ou de valoriser lâenfant, renforcer ou attĂ©nuer les symptĂŽmes du TDAH.
Mais encore faut-il que cette rĂ©alitĂ© soit expliquĂ©e, contextualisĂ©e et intĂ©grĂ©e⊠sans ĂȘtre vĂ©cue comme une accusation.
« On me propose une guidance parentale ? Donc câest que je fais mal⊠»
Cette phrase revient souvent chez les parents.
Les accompagnements Ă©ducatifs sont parfois perçus comme des remises en question de leur compĂ©tence parentale. Et dans un contexte dĂ©jĂ chargĂ© de culpabilitĂ©, cela peut bloquer lâadhĂ©sion.
Le parent, déjà fragilisé par la complexité du quotidien, peut se braquer, fuir, ou décliner une aide pourtant bénéfique.
đ Ce quâil faut : proposer ces accompagnements dans une posture bienveillante et non normative, en insistant sur le fait quâils visent Ă soutenir, pas Ă corriger.
Un parent dâenfant TDAH nâa pas juste « besoin dâune rĂ©union dâinfo ». Il a :
- un emploi à gérer (parfois précaire),
- un autre enfant à récupérer,
- un dßner à préparer,
- un appel de lâĂ©cole Ă retournerâŠ
Alors sâajouter un module de guidance, des exercices Ă faire Ă la maison, ou des rendez-vous hebdomadaires peut sembler au-dessus de ses forces, mĂȘme sâil est convaincu de lâintĂ©rĂȘt du programme.
đĄ Les Ă©tudes montrent dâailleurs que moins de 50 % des parents appliquent systĂ©matiquement les exercices proposĂ©s dans les PEHP.
Quand un parent fait un effort, il attend un résultat. Or, les changements éducatifs demandent du temps, de la répétition, et parfois un certain inconfort au début.
Si lâamĂ©lioration tarde Ă se manifester, certains parents perdent confiance, doutent de lâefficacitĂ© du programme⊠et dĂ©crochent.
Un exemple courant : appliquer une nouvelle consigne pendant une semaine, sans voir de rĂ©elle amĂ©lioration â frustration â retour aux anciens rĂ©flexes.
đ DâoĂč lâimportance dâun accompagnement soutenu, progressif, avec des attentes rĂ©alistes, et une valorisation rĂ©guliĂšre des petits progrĂšs.
- ExpĂ©riences nĂ©gatives avec les institutions : parents jugĂ©s, mal Ă©coutĂ©s, humiliĂ©s Ă lâĂ©cole ou en consultation.
- Vision uniquement mĂ©dicale du TDAH : « Sâil a un traitement, Ă quoi bon la guidance ? »
- Peur de la stigmatisation : suivre un programme parental, câest parfois sâexposer Ă la critique de son entourage.
- Clarifier les objectifs : expliquer que le but est de redonner du pouvoir dâaction au parent, pas de pointer ses erreurs.
- Valoriser les efforts dĂ©jĂ en place : un parent fait souvent beaucoup sans sâen rendre compte.
- Adapter les formats : séances en ligne, modules courts, supports audio, groupes de parole flexibles.
- Offrir du soutien Ă©motionnel : espace dâĂ©coute pour les frustrations, la fatigue, les doutes.
- Inclure les parents comme partenaires : construire les stratégies avec eux, à partir de leurs besoins et réalités.
Si certains parents ne participent pas aux accompagnements, ce nâest pas quâils ne veulent pas. Câest souvent quâils nâen peuvent plus, ne savent pas comment faire, ou ont peur de mal faire.
Leur engagement ne peut exister que dans un climat de confiance, de compréhension, et de souplesse.
Et si au lieu de demander âPourquoi il ne vient pas ?â on se demandait : âQue puis-je faire pour quâil se sente en sĂ©curitĂ© de venir ?â