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🚧 Pourquoi certains parents dĂ©crochent des accompagnements ?

17 juillet 2025 par
🚧 Pourquoi certains parents dĂ©crochent des accompagnements ?
Ossama Loukili

Comprendre les freins pour mieux soutenir l’engagement parental


On entend parfois que les parents « manquent d’implication » dans le suivi de leur enfant TDAH. Mais cette idĂ©e, souvent culpabilisante, ne rend pas justice Ă  la rĂ©alitĂ©. Car si certains parents ne suivent pas les accompagnements proposĂ©s, ce n’est ni par dĂ©sintĂ©rĂȘt, ni par nĂ©gligence, mais Ă  cause de freins bien rĂ©els.


Comprendre ces obstacles, c’est permettre aux professionnels d’adapter leurs pratiques, et aux parents de se reconnecter à leur rîle, sans honte ni pression.


đŸ§© MĂ©connaissance des objectifs thĂ©rapeutiques


Beaucoup de parents pensent que le travail se fait « avec l’enfant ». Ils imaginent que seul le professionnel (psychologue, pĂ©dopsychiatre, logopĂšde
) dĂ©tient les clĂ©s du changement. RĂ©sultat : ils sous-estiment leur rĂŽle dans le processus thĂ©rapeutique.


Or, les donnĂ©es scientifiques sont claires : le parent est un co-thĂ©rapeute au quotidien. Il peut, par ses attitudes, ses consignes, sa maniĂšre de gĂ©rer les crises ou de valoriser l’enfant, renforcer ou attĂ©nuer les symptĂŽmes du TDAH.


Mais encore faut-il que cette rĂ©alitĂ© soit expliquĂ©e, contextualisĂ©e et intĂ©grĂ©e
 sans ĂȘtre vĂ©cue comme une accusation.


⚠ La culpabilitĂ©, encore et toujours



« On me propose une guidance parentale ? Donc c’est que je fais mal
 »

Cette phrase revient souvent chez les parents.


Les accompagnements Ă©ducatifs sont parfois perçus comme des remises en question de leur compĂ©tence parentale. Et dans un contexte dĂ©jĂ  chargĂ© de culpabilitĂ©, cela peut bloquer l’adhĂ©sion.


Le parent, déjà fragilisé par la complexité du quotidien, peut se braquer, fuir, ou décliner une aide pourtant bénéfique.


👉 Ce qu’il faut : proposer ces accompagnements dans une posture bienveillante et non normative, en insistant sur le fait qu’ils visent à soutenir, pas à corriger.


🧠 Charge mentale et rĂ©alitĂ©s du quotidien


Un parent d’enfant TDAH n’a pas juste « besoin d’une rĂ©union d’info ». Il a :

  • un emploi Ă  gĂ©rer (parfois prĂ©caire),
  • un autre enfant Ă  rĂ©cupĂ©rer,
  • un dĂźner Ă  prĂ©parer,
  • un appel de l’école Ă  retourner



Alors s’ajouter un module de guidance, des exercices Ă  faire Ă  la maison, ou des rendez-vous hebdomadaires peut sembler au-dessus de ses forces, mĂȘme s’il est convaincu de l’intĂ©rĂȘt du programme.


💡 Les Ă©tudes montrent d’ailleurs que moins de 50 % des parents appliquent systĂ©matiquement les exercices proposĂ©s dans les PEHP.


😟 Manque de rĂ©sultats visibles = perte de motivation


Quand un parent fait un effort, il attend un résultat. Or, les changements éducatifs demandent du temps, de la répétition, et parfois un certain inconfort au début.


Si l’amĂ©lioration tarde Ă  se manifester, certains parents perdent confiance, doutent de l’efficacitĂ© du programme
 et dĂ©crochent.


Un exemple courant : appliquer une nouvelle consigne pendant une semaine, sans voir de rĂ©elle amĂ©lioration → frustration → retour aux anciens rĂ©flexes.


👉 D’oĂč l’importance d’un accompagnement soutenu, progressif, avec des attentes rĂ©alistes, et une valorisation rĂ©guliĂšre des petits progrĂšs.


đŸ§± Autres obstacles invisibles


  • ExpĂ©riences nĂ©gatives avec les institutions : parents jugĂ©s, mal Ă©coutĂ©s, humiliĂ©s Ă  l’école ou en consultation.
  • Vision uniquement mĂ©dicale du TDAH : « S’il a un traitement, Ă  quoi bon la guidance ? »
  • Peur de la stigmatisation : suivre un programme parental, c’est parfois s’exposer Ă  la critique de son entourage.


🔄 Comment (rĂ©)engager les parents ?


  1. Clarifier les objectifs : expliquer que le but est de redonner du pouvoir d’action au parent, pas de pointer ses erreurs.
  2. Valoriser les efforts dĂ©jĂ  en place : un parent fait souvent beaucoup sans s’en rendre compte.
  3. Adapter les formats : séances en ligne, modules courts, supports audio, groupes de parole flexibles.
  4. Offrir du soutien Ă©motionnel : espace d’écoute pour les frustrations, la fatigue, les doutes.
  5. Inclure les parents comme partenaires : construire les stratégies avec eux, à partir de leurs besoins et réalités.


💬 Conclusion : Repenser l’engagement parental, sans jugement


Si certains parents ne participent pas aux accompagnements, ce n’est pas qu’ils ne veulent pas. C’est souvent qu’ils n’en peuvent plus, ne savent pas comment faire, ou ont peur de mal faire.


Leur engagement ne peut exister que dans un climat de confiance, de compréhension, et de souplesse.


Et si au lieu de demander “Pourquoi il ne vient pas ?” on se demandait : “Que puis-je faire pour qu’il se sente en sĂ©curitĂ© de venir ?”

🚧 Pourquoi certains parents dĂ©crochent des accompagnements ?
Ossama Loukili 17 juillet 2025
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