Prendre soin de soi nâest pas un luxe, câest une nĂ©cessitĂ©
Dans les parcours de vie marquĂ©s par le TDAH de son enfant, on parle souvent de lâenfant, de ses troubles, de ses besoins, de ses comportements⊠Et trop rarement de ses parents.
Pourtant, ceux-ci sont en premiĂšre ligne : organisateurs, rĂ©gulateurs, mĂ©diateurs, Ă©ducateurs, soutiens Ă©motionnels. Et souvent, ils sâĂ©puisent en silence.
Entre culpabilitĂ©, isolement et surcharge mentale, beaucoup de parents finissent par sâoublier. Mais si nous voulons accompagner un enfant TDAH sur le long terme, notre propre Ă©quilibre est une prioritĂ© absolue.
âïž Le poids de la culpabilitĂ© : un poison invisible
Les parents dâenfants TDAH dĂ©crivent souvent un sentiment permanent de ne jamais âbien faireâ :
- CulpabilitĂ© de ne pas âmieux gĂ©rerâ.
- CulpabilitĂ© dâavoir parfois des pensĂ©es de fuite, de colĂšre, dâabattement.
- Culpabilité de prendre du temps pour soi.
- CulpabilitĂ© dâavoir transmis le trouble (souvent gĂ©nĂ©tique).
Ă cela sâajoute lâimpression dâĂȘtre observĂ©, jugé : par lâĂ©cole, par la famille, par les passants au supermarchĂ© quand leur enfant hurle ou court partout.
Et cette culpabilité devient une barriÚre :
On sâinterdit de souffler.
On reporte ses rendez-vous médicaux.
On ne parle plus de ce quâon vit.
On se replie.
đ§ââïž Lâisolement Ă©motionnel et social : une spirale silencieuse
Progressivement, les parents se coupent de leurs réseaux :
- Moins dâinvitations (« il est trop dur Ă gĂ©rer⊠»),
- Moins de sorties (« je nâai pas lâĂ©nergie de gĂ©rer une crise⊠»),
- Moins de confidences (« les gens ne peuvent pas comprendre⊠»).
Cet isolement, renforcĂ© par la fatigue chronique, crĂ©e une bulle oĂč le parent se sent seul au monde avec son enfant et sa dĂ©tresse.
Et pourtant, des millions de parents traversent cette mĂȘme expĂ©rience. Le simple fait de partager son vĂ©cu, en ligne, en association ou en groupe de parole, peut faire une diffĂ©rence immense.
âł Le temps qui manque⊠et lâurgence permanente
Les journĂ©es des parents dâenfants TDAH sont souvent dictĂ©es par les urgences : gĂ©rer la crise du matin, lâoubli de matĂ©riel, lâappel de lâĂ©cole, la rĂ©sistance aux devoirs, lâendormissement chaotique.
Cette course permanente empĂȘche de se poser, de rĂ©flĂ©chir, de planifier⊠et de prendre du recul. Le parent rĂ©agit au lieu dâagir. Et finit par sâĂ©puiser, corps et esprit.
đ©ș Prendre soin de soi : par oĂč commencer ?
Prendre soin de soi ne signifie pas partir six mois dans une retraite de yoga (mĂȘme si lâidĂ©e est sĂ©duisante). Cela commence par de petites dĂ©cisions quotidiennes, conscientes et accessibles.
âïž Prioriser sa santĂ©
Saviez-vous que lâun des premiers marqueurs de parents aidants Ă©puisĂ©s⊠câest leur santĂ© dentaire dĂ©gradĂ©e ?
Les soins sont repoussĂ©s, les douleurs ignorĂ©es, jusquâĂ ce quâil soit trop tard.
Astuce : faites une liste de vos rendez-vous mĂ©dicaux reportĂ©s. Notez la derniĂšre fois que vous avez vu un dentiste, un mĂ©decin, un ophtalmo. Et prenez un seul rendez-vous cette semaine. Câest un premier acte dâamour pour vous-mĂȘme.
âïž Sâautoriser du plaisir
Prendre soin de soi, câest aussi se reconnecter Ă ce qui nous fait du bien :
- Lire un roman, sans lien avec le TDAH.
- Ăcouter de la musique, seule dans la voiture.
- Prendre une douche chaude sans ĂȘtre interrompu.
- Rire avec un(e) ami(e), mĂȘme par message vocal.
- Marcher dans la nature, 10 minutes sans but.
Ces moments rechargent, réparent et redonnent du souffle. Ils ne sont pas du temps perdu : ils sont votre carburant.
đ§ââïž Vous ĂȘtes un pilier, pas une machine
On attend des parents quâils soient calmes, patients, organisĂ©s, disponibles, Ă lâĂ©coute, cohĂ©rents, informĂ©s⊠et tout ça 7 jours sur 7.
Mais nul nâest inĂ©puisable. Le TDAH est un trouble qui bouscule, use, Ă©puise. Il ne suffit pas dâaimer son enfant pour tenir. Il faut aussi sâaimer soi.
Et si vous avez, vous aussi, un TDAH (ce qui est frĂ©quent dans les fratries), alors il est dâautant plus important de vous accompagner vous-mĂȘme.
đŹ Conclusion : Sâoccuper de soi, câest aussi sâoccuper de son enfant
On ne peut pas soutenir durablement quelquâun si lâon se nĂ©glige.
Reprendre rendez-vous avec vous-mĂȘme, vous accorder du rĂ©pit, reconnaĂźtre votre fatigue, chercher du soutien, partager vos Ă©motions : ce nâest pas du luxe, câest de la prĂ©vention.
đž Vous ĂȘtes important.
đž Vous avez le droit de vous reposer.
đž Vous avez le droit dâexister en dehors du TDAH de votre enfant.
Parce que le plus bel accompagnement que vous puissiez offrir⊠câest un parent prĂ©sent, vivant, debout.