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đŸ”„ Quand un enfant frappe, crie ou casse : que cache la violence infantile ?

25 mai 2025 par
đŸ”„ Quand un enfant frappe, crie ou casse : que cache la violence infantile ?
Ossama Loukili

👊 Que cherche à dire l’enfant à travers sa violence ?


đŸ”„ Violence : une pulsion archaĂŻque ou une souffrance silencieuse ?


On a tendance Ă  penser que la violence est une “anomalie”, une dĂ©rive inquiĂ©tante du comportement. Pourtant, les scientifiques montrent que l’agressivitĂ© fait partie de notre hĂ©ritage humain.


Autrement dit, nous sommes tous “programmĂ©s” avec un fond de pulsions agressives.


Mais heureusement, avec le temps, les sociĂ©tĂ©s ont dĂ©veloppĂ© des moyens pour canaliser cette violence : familles, Ă©coles, lois, rituels, sanctions
 Aujourd’hui, ces structures agissent comme des “filets de sĂ©curitĂ© psychique”.


đŸ‘¶ Et chez l’enfant, Ă  quoi sert l’agressivitĂ© ?


đŸŒ Le cĂ©lĂšbre pĂ©diatre et psychanalyste Donald Winnicott propose une vision rĂ©confortante : l’agressivitĂ© chez l’enfant n’est pas forcĂ©ment un signe de danger, mais de vitalitĂ©.


“Un enfant qui frappe, c’est souvent un enfant qui cherche à exister, à entrer en relation.”


Prenons l’exemple de LĂ©o, 4 ans, qui pousse ses camarades Ă  la crĂšche. PlutĂŽt que de dire “LĂ©o est mĂ©chant”, on peut se demander :

  • A-t-il besoin d’attention ?
  • Est-il en train de tester les limites ?
  • Est-ce sa maniĂšre de dire qu’il se sent dĂ©passĂ© par ce qu’il vit ?


Winnicott va plus loin : la violence est parfois une maniÚre de demander un cadre, un adulte qui puisse tenir bon, poser des limites fermes mais rassurantes.


🧠 Quand la violence devient un cri de dĂ©tresse


Dans la clinique pĂ©dopsychiatrique, on rencontre des enfants dont la violence n’est pas juste un comportement, mais un symptĂŽme.

Voici quelques exemples issus de situations réelles (anonymisées) :

  1. Johnny (14 ans) : ballottĂ© d’un parent Ă  l’autre, nĂ©gligĂ©, frappé  Il se met en colĂšre violemment, se cogne la tĂȘte contre les murs, ment, vole. Sa violence est une rĂ©ponse à des annĂ©es d’instabilitĂ© affective.
  2. Matthieu (12 ans) : harcelĂ© Ă  l’école, en grande souffrance scolaire. Il parle de se suicider ou de tuer ceux qui l’insultent. Sa violence est une maniĂšre de reprendre du pouvoir lĂ  oĂč il se sent impuissant.
  3. Martin (9 ans) : obsĂ©dĂ© par des idĂ©es noires, persuadĂ© d’ĂȘtre en guerre contre des esprits. Il menace ses camarades avec des objets. Ici, la violence prend une dimension presque dĂ©lirante, et rĂ©vĂšle une immense dĂ©tresse psychique.


Ces enfants ne vont pas bien “dedans”, et leur violence est un langage, mĂȘme si dĂ©rangeant.


🌍 Culture, identitĂ© et dĂ©calages


Marie-Rose Moro, pédopsychiatre spécialisée en psychiatrie transculturelle, nous rappelle que certains enfants vivent entre deux mondes :

  • La culture de la maison (souvent issue d’un autre pays, d’autres valeurs),
  • Et celle de l’école, du pays d’accueil, parfois en dĂ©calage complet.


âžĄïž Ce tiraillement culturel peut devenir une source de tension, d’incomprĂ©hension, voire de violence.


👉 Exemple : Joseph, 10 ans, rĂ©fugiĂ©. À l’école, il ne supporte pas le moindre imprĂ©vu. À la maison, il fugue. Il vit un choc culturel, un mal-ĂȘtre profond liĂ© Ă  son passĂ© migratoire et Ă  ses repĂšres perdus.


💬 Et maintenant, que faire ?


La violence d’un enfant n’est jamais Ă  prendre Ă  la lĂ©gĂšre, mais elle ne doit pas non plus ĂȘtre simplement punie ou rĂ©primĂ©e.


Voici quelques clés pour mieux accompagner :

  1. Écouter derriùre les actes : que cherche-t-il à dire ?
  2. Travailler en rĂ©seau : psychologues, enseignants, Ă©ducateurs, famille

  3. Poser un cadre stable : les limites ne sont pas une punition, mais une protection.
  4. Explorer les blessures profondes : attachement, traumatisme, prĂ©caritĂ©, migration

  5. Inclure la culture : comprendre le rĂ©fĂ©rentiel familial et culturel de l’enfant.


đŸ§© Parfois, une aide spĂ©cialisĂ©e (Ă©valuation psychologique, neuropsychologique, voire mĂ©dicamenteuse) est nĂ©cessaire.


💡 Conclusion : Et si on regardait autrement ?


Un enfant violent est souvent un enfant en trop plein, un enfant qui n’a pas les mots, ou plus d’autres moyens pour dire son mal-ĂȘtre.


Changer notre regard, c’est dĂ©jĂ  une premiĂšre rĂ©ponse thĂ©rapeutique. C’est lui dire :

👉 “Tu n’es pas un problĂšme. Tu es un ĂȘtre humain, en train de demander de l’aide.”


De Plaen, S. (2017). L’enfant violent : Quelques considĂ©rations pĂ©dopsychiatriques. Filigrane. Écoutes psychanalytiques, 26(1), 41–54. https://doi.org/10.7202/1041690ar
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Ossama Loukili 25 mai 2025
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