Aujourd’hui, le mot TDAH circule partout.
Il rassure, il explique, il met un nom sur une difficulté.
Mais il peut aussi devenir un réflexe trop rapide : un enfant qui bouge beaucoup, qui s’agite, qui change d’activité… et aussitôt, on pense « hyperactivité ».
Or, dans ma pratique, je vois l’inverse très souvent :
👉 l’agitation n’est pas toujours un signe de TDAH,
👉 parfois, c’est un signe d’agitation familiale,
👉 un symptôme qui parle pour tout le monde.
Et cela change tout.
🔍 Avant de parler de TDAH, il faut regarder la famille
Oui, certains enfants ont un trouble de l’attention.
Oui, le TDAH existe, il se diagnostique, et un suivi peut réellement transformer la vie d’une famille.
Mais :
on ne peut jamais — jamais — poser un diagnostic sans regarder ce que l’enfant traverse dans sa famille.
Un enfant de 3, 4 ou 5 ans qui déborde d’énergie peut exprimer :
une fatigue parentale,
une tension dans le couple,
un manque de contenance émotionnelle,
des émotions bloquées chez les adultes,
un besoin de se faire une place dans la fratrie,
ou une excitation interne liée aux non-dits.
👉 Ce que l’enfant manifeste à l’extérieur
peut être le reflet direct de ce qu’il vit à l’intérieur de la famille.
🧠 Le danger du diagnostic isolé
Quand on diagnostique le TDAH sans regarder le système familial, on risque deux erreurs majeures :
❌ 1. On confond le symptôme et la cause
L’enfant est agité — oui.
Mais pourquoi l’est-il ?
Parce qu’il a un trouble neurodéveloppemental ?
Ou parce qu’il porte quelque chose émotionnellement ?
On ne peut pas le savoir sans analyse clinique complète.
❌ 2. On “pathologise” un enfant qui réagit normalement à une situation anormale
Un enfant qui bouge parce que la maison retient son souffle…
ce n’est pas un enfant malade.
C’est un enfant courageux.
🧩 L’agitation n’est pas forcément un problème dans l’enfant
L’agitation est parfois un langage.
Une manière de dire :
« Quelque chose ne va pas ici, et je n’ai pas les mots pour te le dire. »
Elle peut être :
une réponse à l’épuisement de maman,
une réaction à la distance émotionnelle de papa,
une tentative de tenir le lien familial,
une fonction inconsciente dans l’équilibre du couple,
une manière d’éviter l’effondrement émotionnel de l’un des parents.
Dans ce cas, ce n’est pas l’enfant qu’il faut “réparer”,
c’est l’environnement qu’il faut comprendre.
⭐ Ce que le texte de Berger rappelle (et que trop peu de gens savent)
Dans son travail sur les demandes familiales, Berger insiste sur un point crucial :
👉 un symptôme infantile n’a de sens que replacé dans la dynamique relationnelle.
Cela signifie que :
le comportement d’un enfant est toujours lié à son contexte,
un diagnostic isolé est insuffisant,
on ne comprend pas un enfant sans comprendre la famille.
Ce point est fondamental pour éviter les diagnostics trop rapides et les interprétations simplistes.
🌱 Ce que les parents peuvent retenir
✔️ Votre enfant peut être agité sans être TDAH.
✔️ Son comportement peut être une réaction, pas un trouble.
✔️ Comprendre la famille, c’est comprendre l’enfant.
✔️ Le diagnostic de TDAH doit toujours être contextualisé, jamais isolé.
✔️ Avant de chercher “ce qui ne va pas chez lui”, demandez-vous :
Que raconte son agitation de nous, de notre rythme, de notre relation, de notre quotidien ?
Quand les adultes reprennent leur place affective,
l’enfant peut souvent enfin reprendre la sienne.
📚 Sources
Concept de l’enfant-fonction et éléments théoriques issus de :
Berger, M. Travail thérapeutique familial autour de la demande.