Il y a des enfants qui ne s’arrêtent jamais.
Ils courent, grimpent, touchent à tout, cherchent la stimulation sans jamais se poser.
Même les écrans ne parviennent pas à les retenir plus de quelques instants.
Pour les parents, cette intensité permanente devient épuisante, parfois même décourageante.
Mais souvent, derrière cette agitation, il existe une histoire familiale silencieuse, une dynamique que l’enfant porte dans son corps sans pouvoir la nommer.
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Dans l’un de mes accompagnements, un petit enfant issu d’une fratrie arrivait en consultation comme un tourbillon.
Rien ne le captait longtemps.
Sa maman était au bord de l’épuisement.
Son papa, très rigide émotionnellement, imposait une éducation où la parole, les émotions et la sensibilité n’avaient pas vraiment leur place.
Dans ce contexte, l’enfant ne “faisait pas exprès”.
Il exprimait quelque chose que personne ne disait.
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En thérapie familiale, on parle parfois d’enfant-fonction.
Ce terme désigne un enfant qui, sans aucune intention et sans s’en rendre compte, remplit un rôle dans le groupe familial.
Son agitation n’est pas qu’un comportement.
Elle sert à quelque chose.
👉 Elle peut :
détourner l’attention des tensions dans le couple,
empêcher l’effondrement émotionnel d’un parent,
maintenir la cohésion familiale,
exprimer la charge émotionnelle que les adultes ne verbalisent plus,
occuper la place laissée vide par un parent émotionnellement absent.
Le corps de l’enfant devient alors le porte-parole du silence familial.
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Dans certaines familles, on ne parle pas de ce qui fait mal.
On avance.
On serre les dents.
On tient.
Et l’enfant, lui, “prend en charge” l’émotion qui ne trouve pas d’espace chez les adultes.
Il bouge pour deux.
Il s’agite quand les parents se figent.
Il devient le mouvement quand la famille semble immobilisée par la fatigue, la tension ou les non-dits.
Ce qu’on nomme parfois “hyperactivité” n’est alors rien d’autre que la traduction corporelle d’un trop-plein émotionnel familial.
🧠
À cet âge, un enfant n’a pas encore les capacités internes pour mettre des mots sur ce qu’il ressent.
Si les émotions ne peuvent pas circuler dans la famille, elles ne disparaissent pas…
Elles passent dans le corps.
👉 Il saute.
👉 Il grimpe.
👉 Il parle fort.
👉 Il change d’activité toutes les 10 secondes.
Ce n’est ni de la provocation ni de la manipulation.
C’est une manière de ne pas s’effondrer sous une émotion trop forte, trop confuse, trop lourde pour lui.
L’agitation devient une armure provisoire.
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Ce type d’agitation ne vient jamais de nulle part.
Elle peut être liée à :
une maman qui porte trop,
un papa émotionnellement distant,
une fratrie déjà structurée où l’enfant cherche sa place,
un manque de communication émotionnelle,
une tension conjugale silencieuse,
ou simplement une fatigue parentale chronique.
Mais au fond, ce qui compte, ce n’est pas de savoir qui est fautif.
C’est de comprendre comment ce symptôme soutient l’équilibre familial.
Parce qu’un enfant se calme rarement “juste parce qu’on lui demande”.
Il se calme quand on l’aide à déposer le rôle qui n’est pas le sien.
L’accompagnement ne vise pas seulement à réguler l’agitation.
Il vise à redonner à chacun sa place.
Cela passe par :
redonner de la parole dans la famille,
restaurer une présence émotionnelle,
alléger la charge mentale du parent épuisé,
travailler la disponibilité affective du parent distant,
recréer un climat où l’enfant n’a plus besoin de “faire bouger” la maison pour exister.
Et c’est souvent à ce moment-là que l’enfant peut enfin se poser.
Pas parce qu’on l’a canalisé,
mais parce qu’il n’a plus besoin de porter ce qui n’est pas à lui.
📚 Sources
Berger, M. Travail thérapeutique familial autour de la demande.