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đŸ”„ L’hypervigilance n’est pas un “caractĂšre”
 c’est un corps qui n’a jamais vraiment cessĂ© d’avoir peur.

30 novembre 2025 par
đŸ”„ L’hypervigilance n’est pas un “caractĂšre”
 c’est un corps qui n’a jamais vraiment cessĂ© d’avoir peur.
Ossama Loukili


🌿 L’hypervigilance Ă©puise plus qu’elle ne protĂšge


On croit souvent que l’hypervigilance, c’est “ĂȘtre attentif”, “voir tout passer”, “avoir du flair”.

Mais dans la rĂ©alitĂ© des personnes que j’accompagne, ce n’est pas une qualitĂ©.


C’est un Ă©tat d’alerte permanent.

Un systùme nerveux qui n’a plus de bouton pause.

Une vie vécue comme si une menace pouvait surgir à tout moment.


Et cela, ça use.


Ça use le corps.

Ça use les relations.

Ça use l’esprit.


🔍 L’hypervigilance, c’est vivre comme si on n’était jamais vraiment en sĂ©curitĂ©


C’est :

‱ guetter une rĂ©action,

‱ analyser un regard,

‱ anticiper un conflit,

‱ lire entre les lignes,

‱ surveiller le silence,

‱ prĂ©voir le pire “au cas oĂč”.


MĂȘme quand tout va bien, quelque chose en dedans reste en tension.


Le cƓur accĂ©lĂšre pour rien.

Les épaules restent levées.

Le souffle est court.

Le cerveau tourne.

Le corps se prépare.


Comme si un danger invisible était toujours là.


🧠 L’origine ? Un passĂ© oĂč le danger n’était pas imaginaire


L’hypervigilance ne naüt jamais sans raison.

Elle arrive quand le systùme nerveux a appris qu’il fallait survivre, pas juste vivre.


Elle se construit souvent dans des contextes oĂč l’enfant a dĂ» :


‱ repĂ©rer les changements d’humeur d’un parent pour Ă©viter le conflit,

‱ anticiper un danger rĂ©el (cris, violence, instabilitĂ©, imprĂ©visibilitĂ©),

‱ surveiller l’environnement affectif pour ne pas ĂȘtre blessĂ©,

‱ ĂȘtre “prĂȘt” Ă  tout moment,

‱ grandir trop tĂŽt pour rester en sĂ©curitĂ©.


L’enfant apprend que la paix est temporaire, et que la menace peut revenir à tout moment.

Alors il dĂ©veloppe une compĂ©tence qui, Ă  l’époque, l’a sauvĂ© : rester en alerte.


Sauf qu’adulte, cette alerte ne s’éteint plus.


đŸ’„ L’hypervigilance, c’est un feu intĂ©rieur qui refuse de s’éteindre


Ce n’est pas un choix.

Ce n’est pas un trait de personnalitĂ©.

Ce n’est pas un “je me prends la tĂȘte pour rien”.


C’est un systĂšme nerveux qui n’a pas encore compris que le danger est passĂ©.


Et dans le quotidien, ça donne :


‱ une fatigue inexpliquĂ©e,

‱ des difficultĂ©s Ă  se dĂ©tendre,

‱ des rĂ©actions disproportionnĂ©es,

‱ des tensions physiques permanentes,

‱ un sommeil lĂ©ger ou agitĂ©,

‱ une difficultĂ© Ă  faire confiance,

‱ le sentiment de toujours “trop rĂ©flĂ©chir”,

‱ une impossibilitĂ© Ă  lĂącher prise sans se sentir vulnĂ©rable.


L’hypervigilance transforme chaque Ă©lĂ©ment neutre en potentiel signal d’alerte.


Et le pire, c’est que cette surveillance interne est tellement ancienne qu’elle paraüt “normale”.


💔 Ce n’est pas la vie qui est stressante : c’est le corps qui ne sait plus se reposer


Quand l’hypervigilance s’installe, le quotidien devient un champ de bataille invisible :


‱ On scanne les visages.

‱ On anticipe les problùmes.

‱ On se mĂ©fie du calme (parce qu’aprĂšs le calme, il y a toujours eu la tempĂȘte).

‱ On sursaute.

‱ On contrîle.

‱ On vĂ©rifie.

‱ On doute.


Le paradoxe ?

Cette quĂȘte de sĂ©curitĂ© crĂ©e elle-mĂȘme
 de l’insĂ©curitĂ©.


Parce que le corps ne vit jamais l’expĂ©rience du “je suis en sĂ©curitĂ© maintenant”.


🔄 L’origine est ancienne, mais l’alarme continue de sonner dans le prĂ©sent


Le systÚme nerveux ne sait pas faire la différence entre :


‱ un vrai danger,

‱ un souvenir de danger,

‱ et la possibilitĂ© du danger.


Il rĂ©agit aux trois de la mĂȘme maniĂšre.


C’est pour ça que, mĂȘme des annĂ©es aprĂšs, le cerveau continue de surveiller
 mĂȘme si aujourd’hui, il n’y a plus rien Ă  surveiller.


L’hypervigilance, c’est un passĂ© qui n’a jamais Ă©tĂ© rangĂ© dans le passĂ©.


đŸŒ± Il est temps d’accepter une vĂ©ritĂ© fondamentale : “Je ne suis plus en danger.”


C’est lĂ  que commence la guĂ©rison.

Pas en se forçant Ă  “se dĂ©tendre”.

Pas en culpabilisant.

Pas en se disant “c’est ridicule”.


Mais en apprenant, doucement, à enseigner au systùme nerveux ce qu’il n’a jamais appris :


👉 que la menace est finie,

👉 que le danger n’est plus là,

👉 que le prĂ©sent n’est pas le passĂ©,

👉 que la sĂ©curitĂ© peut exister sans vigilance constante.


Reconstruire la sĂ©curitĂ© intĂ©rieure, c’est :


✹ remarquer quand le corps s’alarme sans raison,

✹ identifier d’oĂč vient cette alerte,

✹ distinguer le ici-et-maintenant du là-bas-et-avant,

✹ permettre au corps de vivre des moments de calme sans se sentir vulnĂ©rable,

✹ apprendre Ă  ĂȘtre protĂ©gĂ© autrement que par la tension.



⭐ Ce que les personnes hypervigilantes doivent retenir


✔ L’hypervigilance n’est pas un dĂ©faut : c’est une ancienne stratĂ©gie de survie.

✔ Elle apparaĂźt dans des contextes oĂč l’enfant a dĂ» anticiper pour se protĂ©ger.

✔ Aujourd’hui, elle fatigue plus qu’elle ne protĂšge.

✔ Le danger n’est plus le mĂȘme, mais le corps ne l’a pas encore compris.

✔ La guĂ©rison consiste Ă  rĂ©apprendre la sĂ©curitĂ©, pas Ă  “se calmer”.

✔ Ce n’est pas une question de volontĂ©, mais de rĂ©paration nerveuse.



đŸ”„ L’hypervigilance n’est pas un “caractĂšre”
 c’est un corps qui n’a jamais vraiment cessĂ© d’avoir peur.
Ossama Loukili 30 novembre 2025
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