🧠 C’est quoi une métaémotion ?
Le mot peut sembler complexe, mais l’idée est simple :
Une métaémotion, c’est une émotion à propos d’une autre émotion.
Par exemple :
- Je suis triste… d’être encore triste.
- J’ai honte… d’avoir été en colère.
- Je me sens coupable… de ressentir du soulagement.
- Ou je me sens heureux… de ressentir de la tristesse (comme dans la mélancolie).
Les métaémotions sont comme des couches émotionnelles superposées : elles ajoutent de la complexité à ce que nous ressentons, et peuvent parfois amplifier notre mal-être.
🎭 Deux grands types de métaémotions
1. Les métaémotions croisées
C’est quand une émotion en déclenche une autre, différente, en réaction.
Quelques exemples :
- J’ai honte d’avoir crié.
- J’ai peur de devenir dépressif en voyant ma tristesse durer.
- Je suis triste de ressentir de la honte face à mon corps.
Ces réactions sont fréquentes chez les personnes sensibles ou perfectionnistes, qui se jugent sévèrement dès qu’elles ressentent « une mauvaise émotion ».
2. Les métaémotions au carré
Ici, l’émotion se replie sur elle-même. C’est comme si elle se faisait écho.
Exemples typiques :
- Tristesse d’être triste.
- Peur d’avoir peur (fréquent dans les attaques de panique).
- Colère de s’être laissé emporter… encore une fois.
Ce sont souvent ces boucles qui rendent certaines souffrances persistantes.
🧪 Ce que dit la recherche
Les psychologues s’intéressent depuis longtemps aux métacognitions (penser sur ses pensées).
On les retrouve notamment dans l’anxiété chronique, avec des phrases comme :
« Si je continue à me faire du souci comme ça, je vais finir par craquer. »
Mais depuis peu, la recherche s’intéresse aussi aux métaémotions.
Voici quelques résultats marquants :
📌 Une étude à l’université de Saint-Louis (Missouri) a montré que plus d’1 personne sur 2 vivait régulièrement des métaémotions, surtout pendant les phases de déprime.
📌 Une autre recherche, auprès de 544 étudiants (université de l’Arkansas), a trouvé un lien entre métaémotions négatives et consommation d’alcool : certaines personnes boivent pour « éteindre » des ressentis jugés inacceptables.
🔁 Le piège de la non-acceptation émotionnelle
Quand une émotion difficile apparaît, notre premier réflexe est souvent de la rejeter :
- « Je ne devrais pas être en colère. »
- « Je ne dois pas pleurer. »
- « Ce n’est pas si grave. »
Mais en niant l’émotion, on crée souvent… une métaémotion négative.
Et cette seconde couche peut être encore plus douloureuse.
👉 C’est ce qu’on observe en thérapie : plus on lutte contre ses émotions, plus elles prennent de place.
🌿 Et si on faisait autrement ?
La clé, c’est l’acceptation émotionnelle. Cela ne veut pas dire se résigner ou tout accepter passivement.
Cela signifie :
Accueillir l’émotion, la reconnaître, sans la juger.
Des approches comme la pleine conscience (mindfulness) vont dans ce sens.
Elles nous apprennent à :
- Observer nos ressentis avec bienveillance,
- Les nommer sans dramatiser,
- Et laisser les émotions suivre leur cours, sans les alimenter.
✨ Les métaémotions positives existent aussi !
Heureusement, toutes les métaémotions ne sont pas négatives.
Par exemple :
- Se réjouir d’être ému.
- Ressentir de la gratitude pour un moment de paix.
- Savourer une joie… et en être pleinement conscient.
📚 Une étude néerlandaise a montré que certains films tristes peuvent faire du bien : ils rappellent qu’on n’est pas seul dans ses souffrances, ou soulagent par contraste (« Moi, je ne vis pas ça. »).
En psychologie positive, on encourage même ce type de ressenti :
« Quel bonheur de me sentir bien. »
Une belle métaémotion positive au carré !
🤖 Une preuve de notre humanité
L’intelligence artificielle commence à peine à détecter les émotions humaines.
Mais ressentir quelque chose à propos de ce que l’on ressent ? Là, l’humain reste unique.
Nos métaémotions compliquent parfois nos vies, c’est vrai.
Mais elles révèlent aussi notre profondeur, notre sensibilité, notre capacité à réfléchir sur nous-mêmes.
Et peut-être, au fond, c’est cela qui nous rend… profondément vivants.