1. Pourquoi le TDAH est-il moins souvent diagnostiqué chez les femmes ?
- Perception biaisée : Historiquement, le TDAH est associé à des garçons agités, impulsifs, bruyants. Résultat : les filles plus discrètes passent sous les radars.
- Symptômes différents :
- Les filles présentent plus souvent la forme inattentive : elles sont rêveuses, désorganisées, oublient, se dispersent, mais sans déranger l’entourage.
- Elles internalisent plus : anxiété, dépression, faible estime de soi.
- Stratégies de camouflage : pour répondre aux attentes sociales (être calme, polie…), elles développent des mécanismes de compensation (ex. : efforts énormes pour suivre sans le montrer).
- Conséquences : Diagnostic souvent tardif (adulte voire après 40-50 ans), ce qui engendre des errances thérapeutiques (anxiété, burn-out, bipolarité à tort).
2. Le rĂ´le des hormones chez la femme TDAH
Les variations hormonales influencent la sévérité des symptômes tout au long de la vie :
Étape de vie | Impact hormonal | Conséquences sur le TDAH |
---|---|---|
Puberté | Fluctuation des œstrogènes | Aggravation des troubles de l’attention |
Grossesse | Montée des œstrogènes | Parfois amélioration temporaire |
Post-partum | Chute brutale | Risque accru de dépression, rechute TDAH |
Ménopause | Déclin hormonal | Intensification des symptômes |
- Syndrome prémenstruel (SPM) : fatigue, irritabilité, tristesse, confusion cognitive (brouillard mental), peuvent empirer les difficultés attentionnelles et émotionnelles.
- Trouble dysphorique prémenstruel (TDPM) : forme sévère du SPM, souvent confondue avec d’autres troubles psychiatriques.
3. L’hypothèse du “facteur de protection féminin”
- Idée : les femmes doivent cumuler plus de facteurs de risque génétiques/environnementaux que les hommes pour développer un TDAH détectable.
- Cela expliquerait pourquoi :
- Moins de filles sont diagnostiquées dans l’enfance.
- Mais les symptômes existent bien, masqués ou tolérés socialement.
- Cela appelle à une lecture différenciée du TDAH selon le genre.
4. Interview de Dora Wynchank, psychiatre spécialiste du TDAH féminin
- Confirme que les filles ont moins d’hyperactivité visible, mais une forte agitation intérieure (ruminations, pensées en boucle…).
- Elles sont souvent diagnostiquées à tort pour anxiété, dépression, burn-out.
- La ménopause ou le post-partum sont des périodes critiques pour déclencher un diagnostic.
- Traitements : souvent peu adaptés car testés sur des hommes. Certaines femmes ressentent des variations d’efficacité selon leur cycle.
- Elle milite pour une version du test DIVA adaptée aux femmes et une meilleure formation des professionnels.
5. Outils pour aller plus loin
- Livre à paraître : “Le TDAH chez la femme, bien vivre avec le trouble” par Pascale De Coster.
- Aborde chaque étape de vie.
- Donne outils, stratégies concrètes, témoignages.
- Vise à  aider femmes et familles à vivre mieux avec ce trouble.
Conclusion
Le TDAH chez la femme reste méconnu, sous-diagnostiqué et mal pris en charge. Pourtant, ses effets sont bien réels et multiples : scolaires, professionnels, émotionnels, familiaux.
Reconnaître cette réalité permet :
- d’éviter les errances de diagnostic,
- de mieux accompagner les femmes à chaque étape de leur vie,
- et surtout, de leur redonner espoir et compréhension.
TDAH Magazine