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🧭 Accompagnement parental : et si le changement commençait par moi ?

17 juillet 2025 par
🧭 Accompagnement parental : et si le changement commençait par moi ?
Ossama Loukili

Réapprendre à guider sans s’épuiser


Lorsqu’on est parent d’un enfant avec un TDAH, il est facile de se sentir dépassé. Les crises à répétition, les conflits du quotidien, les devoirs qui tournent au drame, les matinées qui commencent dans les larmes… tout semble hors de contrôle. Et dans cette tempête émotionnelle, la tentation est grande de réagir spontanément, souvent dans l’urgence.


Pourtant, sans le vouloir, nos réactions peuvent entretenir ce chaos. Et si la clé était justement… de changer notre manière d’y répondre ? Non pas pour porter le poids du trouble, mais pour retrouver une forme d’autorité calme, stable et efficace.


🔄 Le cercle vicieux des réactions parentales


Les comportements associés au TDAH — impulsivité, opposition, difficulté à se concentrer ou à obéir — suscitent souvent chez le parent des réponses réactives :

  • menaces (« Si tu continues, tu seras puni ! »),
  • cris (« Tu ne m’écoutes jamais ! »),
  • rĂ©signation (« Bon, laisse tomber, je le fais Ă  ta place… »).


Ces réactions, bien compréhensibles, s’installent progressivement dans des cycles d’interactions coercitives, décrits notamment par le psychologue G. Patterson :

  • L’enfant s’oppose → le parent s’énerve → l’enfant crie plus fort → le parent cède ou punit.
  • Le lendemain, mĂŞme scĂ©nario… renforcĂ©.


Exemple :


L’enfant refuse de faire ses devoirs → il fait une crise → le parent cède par épuisement → le cerveau de l’enfant enregistre : “Faire une crise = éviter l’effort.”


Résultat : ces dynamiques renforcent involontairement les comportements que les parents souhaitent justement faire disparaître.


đź”§ Transformer les habitudes : vers un accompagnement intentionnel


Rompre ce cycle ne demande pas de “savoir mieux gérer” ou de “ne plus jamais crier” (ce serait irréaliste !), mais de mettre en place des repères éducatifs ajustés au fonctionnement TDAH.


Voici quelques piliers fondamentaux :


đź•° Structurer le quotidien


Le TDAH est un trouble qui fragilise l’organisation mentale. En instaurant des routines visuelles, stables et prévisibles, on soulage l’enfant (moins d’improvisation, moins de tensions) et le parent (moins de rappels constants).


➡️ Exemple : emploi du temps affiché, séquençage des tâches avec pictogrammes, minuteur pour les transitions.


âś… Renforcer positivement les bons comportements


On a tendance à se concentrer sur ce qui ne va pas (“Tu n’écoutes pas !”, “Tu cours partout !”) au lieu de valoriser ce qui est déjà fonctionnel, même brièvement.


➡️ Exemple : féliciter un effort d’attention, un moment calme, une consigne respectée, même si imparfaite.


🎯 Poser des attentes claires et atteignables


Les consignes floues ou complexes surchargent les enfants TDAH. Il est essentiel de :

  • donner des consignes simples, positives, formulĂ©es une Ă  la fois,
  • vĂ©rifier la comprĂ©hension,
  • ajuster les objectifs pour qu’ils soient accessibles et rĂ©alistes.


➡️ Plutôt que “Va ranger ta chambre”, dire “Commence par mettre tes livres sur l’étagère”.


đź§° PEHP : des outils concrets pour accompagner le changement


Les Programmes d’Entraînement aux Habiletés Parentales (PEHP) comme Barkley ou PEPS ont été spécifiquement conçus pour aider les parents à sortir des dynamiques dysfonctionnelles.

Leur objectif n’est pas de “corriger” les parents, mais de les outiller pour :

  • renforcer la coopĂ©ration,
  • dĂ©samorcer les conflits,
  • restaurer le lien affectif et la sĂ©curitĂ© relationnelle,
  • mieux comprendre les rĂ©actions de l’enfant,
  • reprendre confiance en leur rĂ´le Ă©ducatif.


Le programme PEPS, par exemple, insiste sur la souplesse et l’adaptation : l’important n’est pas de tout faire “parfaitement”, mais de comprendre les principes et de les appliquer à son rythme.


💡 Le vrai changement commence chez nous… mais il n’est pas solitaire


Changer sa posture de parent, ce n’est pas renier ce qu’on a fait jusqu’ici. C’est reconnaître que, face à un enfant au fonctionnement neurologique spécifique, il faut parfois faire autrement pour que ça fonctionne.


Ce changement n’est ni simple, ni instantané. Il demande du temps, du soutien, parfois des échecs… mais il transforme durablement la relation. Il permet au parent de retrouver une boussole intérieure, et à l’enfant de se sentir compris et guidé.


💬 Conclusion : le pouvoir parental, ce n’est pas le contrôle — c’est la clarté


Le TDAH de votre enfant n’est pas de votre faute. Mais votre rôle est essentiel pour l’aider à avancer, à se réguler, à grandir.


En changeant votre regard, en ajustant vos outils, vous offrez un cadre apaisant et sécurisant qui permet à votre enfant d’apprendre, d’évoluer… et à vous de respirer à nouveau.


Changer son regard, ce n’est pas se remettre en question.

C’est s’armer pour mieux guider.

🧭 Accompagnement parental : et si le changement commençait par moi ?
Ossama Loukili 17 juillet 2025
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